Arrivés depuis moins de 24h sur Darwin, sans voiture cette fois-ci : fin du roadtrip. Levés tout de même à 5h du matin, pour un petit déjeuner en terrasse où il fait déjà 28°C tout de même. Les journées à venir vont être chaudes. Fin du roadtrip, fin de l’aventure ? Non, début de la GRANDE aventure : Kakadu, nous voilà.

Darren, un aborigène à dread perdu dans le temps, mais bien à l’heure vient nous chercher en bus. À peine 8 avec le guide, direction le Kakadu dans une ambiance presque familiale. Nous roulons toute la matinée, 6h de trajet (4h effectives et 2h de pause).

La « petite » pause dans le dernier pub avant la fin du monde le Kakadu nous laisse le temps d’un dernier pipi dans des toilettes conventionnelles (les toilettes de brousse, on ne sait pas à quoi s’attendre !). Le temps aussi de prendre un café, d’aller regarder le buffle et le crocodile de compagnie du pub… de chercher Darren, visiblement volatilisé. La pause se termine sur quelques explications de notre guide sur le parc que nous allons visiter, explications au cours desquelles il nous demande si nous sommes en juillet ou en aout. Confirmation, s’il le fallait, que Darren et la notion du temps, ça fait deux.

Nous arrivons à 13h au point d’embarquement pour une croisière sur la East Aligator River. Il nous reste donc tout juste 20 minutes pour préparer à manger, manger, retourner faire pipi (les fameuses toilettes de brousse, nous y voilà !), et embarquer pour une croisière au plus près des salties, les fameux crocodiles d’eau de mer. Difficile d’imaginer que la baignade était fréquente ici avant l’interdiction de la chasse aux crocodiles en 1970.

Autre type de crocodile répandu dans le Kakadu

Nous nous arrêtons le temps de prendre quelques photos du paysage sublime, et d’assister à un lancer de sagaie, geste que nous maîtrisons à la perfection (cf Tjapukai).

La ballade se termine vers 15h30 et nous partons en direction d’Ubirr, haut-lieu de la culture aborigène. Sur la route, Darren cherche du regard, ralenti, fait demi-tour, roule sur l’accotement et demi-tour encore. A-t-il vu une bête extraordinaire à nous montrer ? Une anecdote incroyable à nous montrer ? Non, non, bien plus concret : il faut ramasser du bois pour le feu de camp de ce soir. Ah.

Après cette session ramassage de petit bois, nous reprenons la route pour Ubirr, sans détour cette fois. Nous entamons alors une lente marche durant laquelle Darren nous explique les us et coutumes de son peuple.

Point infos
Pour bien commencer le point info sur le Kakadu, quoi de mieux qu’une petite anecdote sur son nom ?

Le terme « Kakadu » vient en fait de « Gagadu » et désigne l’ensemble des langages aborigènes du parc du Kakadu. Le parc a pris ce nom suite à une incompréhension des colons qui ont cru que cela désignait le lieu et non la langue : échec.

Le parc fait 20 000 km² soit 1/3 de la Tasmanie. Le parc est géré par le gouvernement fédéral et non par le Northern Territories, ce qui explique certaines particularités de conservation compare aux autres parcs aux alentours. Les Rangers ont notamment des droits d’agents fédéraux et peuvent effectuer des arrestations ou des évacuations pour la protection du parc.

Le parc est séparé en trois parties très distinctes entre le nord, le centre et le sud, ce qui, vu la superficie, n’est pas vraiment étonnant.

Plus d’une 50aine d’espèces d’oiseaux vit dans ce parc et les iles Baron et Field, situées au nord, dans la mer de Timor, sont des territoires de reproduction importants pour les tortues de mer.

L’Australie est un continent préservé, l’introduction de Buffalos, cochons et chats ont été assez mauvais pour la faune locale. Des battues dont été effectuées et Daren semble prendre plaisir à se débarrasser de ces nuisibles.

Le buffalo du dernier pub

Le parc possède aussi un sol riche de minerai, mais grâce à son classement au patrimoine mondial de l’Unesco, aucune mine ne peut être ouverte. Il existe cependant une mine d’uranium en lisière du parc au nord-est.

Sur le chemin des peintures, Daren nous renseigne sur la culture aborigène …

A la mort d’une personne importante, une cérémonie ainsi qu’une sépulture sont organisées. Le corps est placé sur une plateforme à la cime d’un arbre ou il restera deux ans. Les deux ans d’anniversaires du décès, une nouvelle cérémonie est effectuée et les os restants de la décomposition sont apportés dans des lieux culturels aborigènes.

Lors d’un décès, le nom de la personne devient tabou et les mots aux sonorités identiques sont évités. Leur réutilisation ne se fait qu’une que la famille du défunt les réutilise.

… ainsi que sur la faune et la flore locale :

Les fourmis à l’abdomen vert créent une sorte de nids dans les arbres en pliant les feuilles et en les soudant grâce à un liquide sécrété par les plus jeunes.

Ces fourmis, non dangereuses, ont un cul au gout acide citronné

qu’il est possible de gouter en tenant leur tête entre deux doigts et en posant leurs fesses sur la langue. Chassées par nids entiers et mises en bouillie, elles forment un bon remède efficace contre la toux.

L’eucalyptus produit un antiseptique liquide ressemblant au miel, mais en rouge.

Les feuilles de petits palmiers peuvent être enduite de couleurs et utilisées pour le tissage.

Pour finir, Daren nous explique les peintures des esprits et de ses ancêtres :

Ces dessins ne représentent pas des humains. Pour les aborigènes, ces des corps fins et tordus sont en fait des autoportraits de mimi’s spirit. Des esprits que le vent empêche de revenir sur terre et que seuls les sages peuvent voir lors des cérémonies.

Cette marche nous amène jusqu’aux peintures aborigènes qui ont entre 2000 et 40 000 ans d’âge.

Mais attention, « Ce n’est pas de l’art, c’est de la culture » rectifie Darren.

Nous nous rendons finalement en haut de Nadab, où une vue imprenable et sublime nous attend : un coucher de soleil à la croisée entre le Kakadu et la terre d’Arhem.

Vue sur le Billabong

La route jusqu’au campement de fait de nuit, l’occasion de voir un serpent traverser la route en une fraction de seconde. Une fois à Jabiru, le groupe est de nouveau sollicité et nous cuisinons ensemble, éclairés par une lampe sur batterie. Nous dînons alors à la lumière du feu de camp, une bière à la main. Le regard se tourne vers le ciel pour admirer les étoiles filantes.

À 22h, le retour à la réalité est plutôt abrupt : le camp entier s’éteint, sanitaires compris. La douche se fera donc dans le noir, entourés de grenouilles et de petites araignées. La présence d’eau chaude est tout de même salutaire.

L’aventure continue dans la tente lorsque nous trouvons entre les deux toiles de la tente une énorme araignée. Débutent alors deux missions compliquées :

  • Pour Emmanuelle : contenir la panique
  • Pour Loïc : contenir Emmanuelle